F.A.Q.
du forum Usenet fr.rec.plongee

Récits - Papageno



Chronique d'une plongée ordinaire.

Ceci est la copie d'un texte composé pour et la demande d'un non plongeur. Certains détails vont donc vous sembler superflus. Veuillez d'avance m'en excuser.
Avertissement: Le texte qui suit et les images qui l'illustrent peuvent, du fait de passages à caractères pornographiques heurter la sensibilité de jeunes âmes.

Papageno


En fait l'histoire commence toujours de la même manière.
J'ai vaguement prévu d'aller plonger sans obligation puisque l'arène de mon combat est à mes pieds.
Puis quand je suis décidé je contrôle le matos; Je suis un grand spécialiste de l'oubli et en plongée il est difficile de faire l'économie d'un ustensile. Le bazard est au complet je le charge dans la bagnole (depuis peu je suis devenu flemmard et ne veux plus me tuer à remonter le bloc après la plongée depuis la plage dans mon terrain en pente).
Je largue le tout au bord de l'eau et vais chercher le bateau à la godille.
Ce matin c'est un lac, pas un souffle et il fait 35° à l'ombre... nondédiou... comme c'est bon la chaleur. Mon canot démarre comme une horloge et hop j'embarque le matériel.

Et puis là tu vois c'est l'éternel dilemme...
Est-ce que je joue la carte sécurité, c'est à dire je vais sur site connu qui a fait ses preuves ou bien je poursuis mon inventaire aléatoire et je plonge n'importe où (enfin presque) avec idée de tomber sur un truc sympa ? Heureusement que je suis seul à bord sinon cela tournerait vite au pugilat.
Entre le moment ou je prépare le matériel chez moi et celui où je me dirige vers le lieu de plongée j'ai changé d'avis dix fois. Ce matin j'opte avec grande difficulté pour une plongée aléatoire en terre
pour tenter de voir le corps-mort d'une sablier ancré au milieu de l'aber sur le point de sombrer avec sa gîte de 20°.
Je mouille à proximité de la berge et des tables à huîtres pour éviter qu'un bateau me passe dessus au retour.
Drapeau de signalisation, un flottant et un fixe. Bout à l'eau pour recup de bloc au retour. Echelle à l'eau. Et puis je m'équipe.
Tout l'attirail du parfait cosmonaute avec mes deux phares l'appareil photo trois détendeurs et tout le saint frusquin, plongée solo oblige. Avec le 18 litres je me place un plomb à chaque cheville autrement j'ai le cul qui remonte quand je fais des photos. Putaing quel cagnard dans ma chombine c'est le hammam... j'ai hâte de me balancer pardessus bord.
Détendeur en bouche: reputaing il me tire sur la gueule !!!!!
j'essaye de le libérer en me balançant sur le côté rien à faire... raaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh!!!!! il faut que tombe la stab. Bien sûr c'est juste un petit tour autour d'un robinet...
allez hop c'est reparti.
Dernier check du matos et de son fonctionnement cul sur le bord, main droite qui bloque les phares et l'appareil photo, main gauche qui fixe le détendeur et le masque main sur la gueule au premier truc qui déconne arrivé à ce stade.

Quelques longues expirations et puis petite bascule arrière, le bateau est assez haut il mieux y aller doucement pour ne pas prendre le liston dans le mollet.
Ploufff... comme c'est bon... je me laisse remonter doucement en surface puis je pédale vers le mouillage.
Descente pied en avant sur deux mètres, plop les oreilles et bascule avant sur le bout.
Oulala... c'est le pied,16, la visi est très faible mais je retrouve mon
élément.
kenavo vache cochon poulet, adieu monde de brutes je me tire ailleurs comme dirait le Sénégalais
bonjour le monde du silence...
Sauf que quand un canot à moteur passe à proximité, même par vingt mètres tu as l'impression qu'il va te couper en rondelles. Cette descente dans six mètres est jouissive bien qu'il n'y ait rien à voir.
Au fond je vérifie mon ancre, position et surtout quelle soit bien libérée d'une table à huître pour le retour; je n'ai pas envie de redescendre en apnée pour la décrocher comme c'est déjà arrivé. Puis je pars cap SE direction du sablier.
Au début j'ondule sur les tables, puis je tombe sur les éboulis rocheux artificiels sur lesquels une flore et une faune incroyable s'est fixée à tous les étages.
A l'aller je passe rapidement ce stade et je vais chercher le fond en rasant la pente de gravier et de sable. Eponges, palourdes, coquilles... spirographes... La plongée ne dépassera pas vingt mètres comme toujours dans l'aber. Sur le parcours, un carrelet, une seiche et puis alors que je suis en route depuis un bon quart d'heure et après avoir escaladé des dunes de sable fin je tombe sur une zone d'algue dont je ne connais pas le nom. Des espèces de tubes bruns de 15 centimètres qui servent de refuges aux juvéniles. Je me dis que ce dois être une dépression créée par le corps-mort du sablier.
Je remonte donc la zone plein Est...
regarde voila encore un couple de Doris épineux (acanthoris pilosa) ils se reproduisent c'est marrant non, que chacun soit venu avec son bouquet de fleur caché dans le dos ? Je ne sais pas s'ils se l'offrent après le gros câlin ? à moins qu'ils aient oublié avant, un peu trop pressé de se sauter dessus...
des bêêêtes rien que des bêêêtes j'voul'dis ma brave dame
Un peu plus loin je tombe sur une balle de trucs......je la prends pour un restachou de pied de laminaire, et puis en regardant avec mon phare je me rends compte que c'est une grappe dure et compacte de larves de je ne sais pas quoi. Après avoir photographié le truc je prélève une larve pour autopsie à terre, Je repose l'objet qui roule sur le fond au gré du courant sans attache.
Quelques mètres plus loin je trouble l'intimité d'un couple enlacé
Je m'éloigne sans bruit le Monsieur me fait un clin d'oeil qui veut dire "jl'étrille sec ! "... mouarf... quel comique cuici... Tiens! la prochaine fois je me ferai bien une soupe d'étrilles quand il aura fini ses cochoncetés... sans compter que après avoir doublé un spirographe aguicheur
je tombe sur ça !
ce salaud pendant que ses congénères niquent comme des bêtes lui est en train de boulotter les bébés des autres-je-ne-sais-trop-quoi !!! en fait la grappe dont je viens de te parler.
je rêve ? et la morale dans toussa ? ten foutrais moi des corniauds pareils. Heureusement une anémone rouge qui côtoie une ponte de nudibranche me rappelle à la beauté.
Tiens tu as vu ce qu'un nudibranche breton inconnu a fabriqué pour toi ? On dirait la broderie du bonnet de ma grand-mère.
Je tombe sur le bloc du sablier un machin énorme en forme de cône posé à l'envers; une merveille bourrée d'éponges, spirographes, cnidaires et tout ce que tu veux... je crois que je pourrais faire une plongée dessus sans bouger pour inventorier cette merveille sur fond rouge comme ce petit crabe inachus
une double chaîne rouge sang remonte vers la surface, Un banc de lieus (communs) passe à tribord, des petits tacauds (poussifs) se planquent comme ils peuvent... J'entame à regret mon retour.
Et hop une nouvelle anémone que je ne connais pas de plus dans ma besace.
Au bout de 70 minutes je fais surface: J'ai marché sur la dune !!!
Vivement que je recommence...
C'est cet après-midi avec deux amis peu amarinés qui veulent faire un peu de bio.

Quand je serai grand je serai chasseur d'anémones et je boufferai bruyamment de la soupe d'étrilles tous les jours.

Plouf
Blup °°°


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