Pas d'excès de vitesse en plongée sous-marine ! www.jim.fr - 21 décembre 2004 =================== La relation atteinte cérébrale/accident de plongée est bien établie, ce qui a d'ailleurs conduit à édicter certaines règles de décompression. Elles pourraient cependant être modifiées après l'étude particulièrement intéressante effectuée par une équipe du CHU Hôtel-Dieu de Nantes qui a évalué la présence de lésions cérébrales chez des plongeurs sous-marins asymptomatiques et tenté d'en expliquer les mécanismes. Pour ce faire, 30 plongeurs expérimentés de plus de 40 ans (des instructeurs) asymptomatiques ont participé à une mise au point détaillée comprenant un examen clinique avec détermination de la masse grasse corporelle, une résonance magnétique nucléaire (IRM) cérébrale, un test à l'effort avec mesure de la VO2 max, des tests biologiques comprenant notamment le dosage de la glycémie, du cholestérol, des triglycérides, et un interrogatoire minutieux sur leurs habitudes de plongée et leurs facteurs de risque cardio-vasculaire. Tous ceux qui avaient présenté au moins un accident de décompression ont été exclus. Des « spots » hyperintenses ont été mis en évidence à l'IRM cérébrale chez 33 % des participants, mais également chez 30 % des sujets du groupe contrôle. Par contre, ce qui est plus intéressant, c'est que l'équipe nantaise a pu déterminer que la présence de lésions du système nerveux central était liée à des habitudes de plongée non sécuritaires, alors qu' aucun lien n'a été trouvé ni avec l'âge, ni avec le nombre et la profondeur des plongées, ni avec les performances ergométriques (mesurées par la VO2 max et les taux de lactate). C'est la vitesse de décompression qui semble particulièrement importante, surtout lorsqu'elle est supérieure à 10 mètres/minute (p=0,003), de même qu' une cholestérolémie élevée (p=0,001). Pour expliquer le risque lié à la vitesse de décompression, les auteurs formulent l'hypothèse d'un dépôt de microbulles d'azote, particulièrement important en présence d'une hypercholestérolémie. Ainsi même asymptomatiques, les plongeurs ont des lésions du système nerveux central, ce qui devrait stimuler les médecins à être particulièrement attentifs aux facteurs de risque cardio-vasculaire (notamment les arythmies) dans cette catégorie de sportifs. Enfin, la prévention systématique des accidents cérébraux de plongée devrait passer par le respect impératif d'une vitesse de remontée inférieure à 9m/minute. Dr Dominique-Jean Bouilliez Tripodi D et coll. : « Brain Magnetic Resonance Imaging, Aerobic Power, and Metabolic Parameters Among 30 Asymptomatic Scuba Divers. » Int J Sports Med 2004 ; 25 : 575-81. © Copyright 2004 http://www.jim.fr